Dans une tribune publiée par le Huffington Post le 22 janvier 2019, Jacky Isabello, expert en communication politique s’exprime sur l’utilisation du grand débat par Emmanuel Macron en vue de 2022.
Après les débats de Bourgtheroulde et Souillac, Emmanuel Macron a imposé le grand débat dans l’agenda médiatique du pays. Une opération de reconquête de l’opinion réussie au vu du regain de popularité du chef de l’Etat (Ifop/JDD : 21 janvier 2019)
La crise que traverse actuellement le pays oblige le chef de l’Etat à revoir sa stratégie de communication en profondeur et sur le long terme. Jacky Isabello a rappelé dans un premier temps le double enjeu, pour lui, de cette opération.
« Ce débat peut être un moyen d’amorcer une désinflation dans la crise des #giletsjaunes. Mais il est avant tout une insidieuse façon de construire une stratégie en vue de la campagne pour se faire réélire en 2022 ».
Après sa lettre adressée aux français largement diffusée sur les réseaux sociaux et la retranscription de ses échanges avec les maires, Emmanuel Macron joue sur la puissance du digital.
Jacky Isabello analyse ensuite l’utilisation du numérique par le président de la République.
En semblant offrir une proposition de sortie de crise avec ce grand débat, il a recours aux forces de l’industrie numérique pour se relancer et accroître sa valeur sur le marché.
« Dans le numérique les plateformes, connues aussi sous l’intitulé GAFAM, se servent de nous pour bâtir leur contenu et accroître leur valeur. On parle de « User generated content ». L’utilisateur bénéficie gratuitement de services. En échange il créé des contenus, il offre ses données personnelles. Le père de la « Start-up nation » fait de même, sous notre nez et avec notre imprimatur ».
Cette offensive sur la communication digitale est indispensable.
La récolte de ces données est nécessaire à l’élaboration d’un programme présidentiel.
» Le chef de l’Etat met en scène le Grand débat national, non pas pour apporter des réponses aux questions que le peuple, les élus et les gilets jaunes se posent, mais pour déployer à des fins politiciennes les fondamentaux de la démocratie participative, premier acte pour confectionner un programme ».
Enfin, pour notre expert Emmanuel Macron retourne sur son terrain favori, celui de la campagne de 2017. Le grand débat national apporte un répit à une séquence médiatique agitée.
« Le grand débat a remis le chef de l’Etat en situation de proactivité. Avec cette proposition d’échange, il impose l’agenda médiatique à l’ensemble des parties prenantes, Gilets jaunes, oppositions et médias. Il offre sa puissance charismatique et redore en quelque sorte son autorité. S’il ne peut réformer, il retourne sur son terrain, celui de la campagne et de l’exaltation qu’elle offre parfois ».
Retrouvez ici l’intégralité de la tribune de Jacky Isabello