Actualité politique / Mercredi 22 mai, Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence CorioLink, était invité sur le plateau de Langues de bois s’abstenir, talk-show hebdomadaire de débat ouvert sur C8 animé par Philippe Labro. A ses côtés, trois autres chroniqueurs pour décrypter l’actualité politique de la semaine : la romancière et grand reporter au journal Le Monde – Vanessa Schneider, le journaliste et éditorialiste – Claude Weil, ainsi que le directeur adjoint de la rédaction du journal Le Point – Jérôme Béglé.
Jacky s’est exprimé sur plusieurs sujets.
S’agissant des élections européennes du 26 mai, il estime que deux candidats se sont positivement démarqués :
« S’agissant de la stratégie de communication, j’ai été particulièrement surpris par la campagne de Jordan Bardella pour le Rassemblement national. Il a beaucoup de répartie, est bien préparé et jamais déstabilisé. De plus, Nathalie Loiseau, pour la liste Renaissance (LREM / MODEM) est à présent à la hauteur de l’exercice. Après une campagne difficile, ses récentes interventions étaient préparées, construites, avec une voix posée, et donc réussies ».
De plus, interrogé sur la possibilité d’un remaniement en cas de défaite aux élections européennes qui placerait Jean-Yves Le Drian, ancienne figure socialiste fidèle au président, comme Premier ministre, il analyse :
« La question est d’autant plus pertinente depuis le discours du président le 25 avril dernier et son tournant économique net, souligné par le Medef et les principales organisations patronales. Sa politique n’est plus celle promue lorsqu’il a fait sa campagne. De ce point de vue-là, Jean-Yves Le Drian, en tant qu’ancien membre du Parti Socialiste et habitué à la pression, coche effectivement toutes les cases. Cela dit, le président de la République a exprimé sa satisfaction à l’égard d’Edouard Philippe. Les semaines à venir seront éclairantes sur ce sujet ».
Les chroniqueurs ont ensuite pris la parole sur l’affaire Vincent Lambert, du nom du patient tétraplégique en état de conscience minimal (pauci-relationnel) qui fait l’objet depuis dix ans d’un débat sur la fin de vie. De familial et médical, le débat est devenu politique, judiciaire et médiatique. Jacky Isabello souligne alors trois éléments :
« D’abord, s’agissant de l’avocat des parents qui évoquait une ‘remontada’ devant une foule en liesse lundi dernier après la reprise des soins ordonnée par la justice, le conseil de l’ordre devrait lui rappeler le code de déontologie et donc qu’il doit être modéré et défendre ses clients, non s’y substituer. Ensuite, l’architecte communiste Oscar Niemeyer expliquait que les confrontations dans la cité doivent être imputées à l’architecte ayant construit un système qui force à l’opposition. C’est le cas de cette Loi Claeys-Leonetti de 2005 qui est incomplète pour ce type de cas où l’absence de directives écrites déchire l’entourage et le corps médical. Enfin, depuis l’affaire Grégory, nous n’avons jamais eu une affaire qui a autant passionné et confronté les familles et différentes opinions publiques. Il faut cesser cette hystérisation du débat et prévoir une loi pour résoudre cette situation car il y en a plus de 1500 similaires en France ».
Enfin la « question de la semaine » portait sur l’engouement autour de la série Game of Thrones, série télévisée qui s’est achevée lundi dernier après une huitième et dernière saison diffusée dans 186 pays. Le succès planétaire s’explique pour notre expert par deux éléments, la politique et la communication :
« Pablo Iglesias, le leader du parti Podemos (la gauche radicale espagnole) qui a représenté à un certain moment une innovation politique, a coordonné un essai sur Game of Thrones*, expliquant que les théories de rupture civilisationnelle qui sont incarnées dans cette série sont réellement rencontrées actuellement par les sociétés occidentales, par exemple s’agissant des migrations. Il revisite ainsi Hobbes et Gramsci notamment. Cette série, initialement source de divertissement, comporte une véritable dimension politique et revisite par ailleurs les grands récits bibliques, l’eschatologie, ce qui la rend extrêmement intéressante. La seconde force de la série réside dans ses résultats en terme de communication. Déroutants et imprévisibles, les épisodes parviennent à capter les communautés. Contrairement à la plupart des 495 séries américaines diffusées en 2018, celle-ci créée un fort engagement du public, ce qui est l’objectif ultime des marques sur les réseaux sociaux et la condition initiale du succès ».
https://twitter.com/philippelabro/status/1131491327860985856
* Pablo Iglesias, Les Leçons politiques de Game of Thrones, 2014.
Pour revoir en intégralité l’intervention de Jacky Isabello sur l’actualité politique de la semaine