L’endettement des communes est un sujet récurrent des discours politiques dans cette dernière ligne droite des campagnes municipales 2020. Souvent utilisé dans la communication politique par les opposants, cet argument n’a pourtant pas toujours l’effet escompté. Pierre Alibert, co-fondateur de l’agence de communication CorioLink décrypte pour La Gazette des communes la place de la question de l’endettement dans la communication de campagne.
Les prochaines élections municipales qui se tiendront en mars, ont fait émerger de nouveaux enjeux pour les collectivités territoriales. Parmi les grandes questions qui ont agité les campagnes : la sécurité locale, l’écologie et les dettes communales. La thématiques de l’endettement des communes est souvent employée contre le candidat sortant par ses concurrents. Pourtant, cette stratégie de communication politique, n’a que très peu d’effet sur les décisions de vote des citoyens.
Un sujet particulièrement relayé par les médias
Pourtant, ces dettes font l’objet de ce qu’on appelle des « articles palmarès ». Nous trouvons par exemple « Le top 10 des communes les plus endettées » ou « Votre ville est-elle bien gérée ? 155 communes passées au crible ». Face à ces sujets publiés ponctuellement par les médias, les communes citées dans lesdits articles se retrouvent désarmées pour s’expliquer.
Pierre Alibert précise : « Malgré la médiatisation accrue de ce sujet, il n’est pas certain que ces classements de médias nationaux impactent le choix des électeurs. Il apparaît que la présentation des plans budgétaires, dans la communication des candidats, est une préoccupation secondaire pour les citoyens. ».
L’endettement, un sujet complexe
Pour certains experts, ce désintérêt s’explique par le caractère trop technique du sujet.
« Dans tous les cas, ce n’est pas un axe de communication politique à privilégier pour sa campagne municipale. Ces batailles de chiffres n’intéressent pas les administrés. Nous conseillons aux candidats de ne pas en faire un argument essentiel de leur campagne. Les explications techniques sont bien trop longues à traiter dans un discours : parlons plutôt des réalisations. », ajoute Pierre Alibert.
Baisser la dette oui, mais pas à n’importe quel prix !
Le remboursement de la dette n’est pas la priorité des habitants. Cela devient une préoccupation seulement si ce remboursement impacte le service public.
Pierre Alibert précise : « La première préoccupation des électeurs porte sur leur vie personnelle. Parlons plutôt de sécurité, petite enfance ou propreté. Lorsqu’elle est compensée par des investissements ou des services, la dette n’est plus un sujet. D’autant plus qu’avec la fin de la taxe d’habitation, les électeurs sont moins concernés par les questions financières. Le sujet devient préoccupant et prioritaire lorsque cet endettement ne s’accompagne pas de services rendus équivalents. ».