Dans sa contribution pour le Ramses 2021 de l’Institut français des relations internationales (Ifri), Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence de communication CorioLink, analyse les systèmes informationnels qui ont contribué au développement de la crise du coronavirus. L’analyse est exposée en trois parties, la formation de l’attention, la communication publique, les fakes news et le rôle de la Chine.
Extrait. « La tragédie grecque menait par degrés à l’apogée avant de recourir à une catharsis libérant les spectateurs de leurs passions. L’univers médiatique moderne ne délivre jamais, et souhaite seulement garder l’audience sous tension.
La formation de l’attention
Fait rarissime, durant de longues semaines, chaque Français aura été touché quotidiennement près de 80 fois par une information sur le coronavirus. En 2019, le sujet le plus traité par les médias a été l’incendie de Notre-Dame de Paris (sur quelques jours, chaque Français aura été touché quotidiennement 55 fois par l’information). En langage médiatique, la crise sanitaire est un blast : le thème balaie tout sur son passage, le coronavirus occupant 80 % du temps d’antenne des chaînes d’information en continu. Yves Citton rappelle que nos régimes d’attention dépendent de nos régimes de valorisation : je fais attention à ce que j’ai appris à valoriser, et je valorise ce à quoi j’ai appris à faire attention. Mais attention n’est pas raison. L’économiste Robert Shiller, en révoquant la théorie des marchés efficients, prouvait que l’attention, ou le fait d’être informé, n’engendrait pas mécaniquement un comportement logique. ».