Si les affiches électorales ont toujours eu une place importante en communication politique et ont longtemps été l’occasion pour les candidats d’annoncer leur programme, elles jouent aujourd’hui davantage sur l’impact visuel. Dans le cadre des prochaines élections municipales, Pierre Alibert, co-fondateur de l’agence de communication CorioLink, décrypte pour le Journal des Maires les bons réflexes à adopter pour une affiche de campagne réussie.
Outre son rôle d’étendard tout au long de la campagne, l’affiche électorale est aussi la dernière image laissée dans les esprits des électeurs sur le chemin de l’isoloir. Le cliché photographique est ainsi devenu essentiel en communication politique, et le message qui l’accompagne doit être court et succinct, en cohérence avec l’image reflétée. Régis par le Code électoral, le format de l’affiche (841 mm x 594 mm) comme ses couleurs, doivent respecter certaines règles. Interdiction par exemple d’un fond intégralement blanc ou d’utiliser les couleurs tricolores, excepté pour le logo.
Une posture cohérente
Il est conseillé d’avoir recours aux services d’un photographe professionnel pour réaliser son cliché de campagne, et d’éviter les photos anciennes retravaillées à l’ordinateur. Mais très vite se pose la question de l’arrière-plan. Doit-on le choisir neutre ou en lien avec une caractéristique propre de la commune (mairie, église, château, paysage…) ?
« Il n’y a pas de réponse unique en communication politique. Il faut y réfléchir en amont car l’affiche doit être en cohérence avec le reste de la campagne. L’important est de coller avec les idées et le message que l’on veut faire passer. Un candidat écologiste aura tendance à se placer au milieu des champs, un candidat qui veut redynamiser le centre-ville posera dans la rue commerçante du village et celui qui s’attache au patrimoine se placera devant l’église. », estime Pierre Alibert.
Une personnalité ou une équipe ?
Même hésitation lorsqu’il s’agit de déterminer la visibilité aux colistiers. Doivent-ils être tous représentés sur l’affiche ou uniquement le candidat tête de liste ? Et quelle posture adopter ?
« Là encore, la réponse varie en fonction des situations. Si le candidat mise sur sa personnalité et sa force de séduction, alors, il a intérêt à être seul. S’il est de face, il incarnera la proximité et la franchise. S’il regarde vers sa gauche, il donnera plutôt une vision de l’avenir. », explique Pierre Alibert.
Et de continuer : « À l’inverse, s’il veut jouer la carte du rassemblement ou du travail collaboratif, mieux vaut alors mettre en scène toute l‘équipe. Mais aujourd’hui en communication politique, le culte de la personnalité a tendance à dominer. » Inconsciemment, l’attitude du candidat sur la photo enverra des indices aux électeurs : son sourire, ses traits de visage, ses vêtements… Rien ne doit donc être laissé au hasard. « En France, les couleurs ont des codes, on ne peut pas y déroger. Le rouge évoque l’humain ; le bleu, la sécurité et le vert, la nature. Même les listes sans étiquette doivent y faire attention, du fait aussi de la connotation politique des couleurs. ».
La photo ne fait pas tout
Si l’on dit souvent qu’une image vaut mille mots, pour autant, la photo ne fait pas tout. Plus elle occupe l’espace, moins il y aura de place pour le slogan et la mise en page graphique. Il faut trouver l’équilibre entre ces éléments car ils ont chacun leur importance.
« On ne peut pas imaginer lors de la conception de la stratégie de communication politique, une affiche sans slogan, c’est le minimum. Certains candidats s’effacent parfois pour donner la priorité à leurs axes de campagne. Dans tous les cas, il faut faire des choix car l’espace est limité. », prévient Pierre Alibert.