À un mois des élections municipales, les principales listes électorales sont déposées. Quel que soit la taille de la commune, les méthodes restent les mêmes. Une fois la tête de liste identifiée, l’enjeu pour les communicants est de créer un storytelling autour du candidat. Néanmoins il ne faut pas négliger le plan de communication autour de la liste électorale et du projet politique. Pierre Alibert, co-fondateur de l‘agence de communication CorioLink, analyse pour le Journal des Maires l’importance de la communication autour d’une liste électorale.
Démarche traditionnel ou innovante
Lors d’une campagne électorale, l’enjeu de communication est tout aussi important que l’enjeu politique. Pour les élections municipales, la tête de liste se retrouve face à la difficulté d’en faire trop ou pas assez. D’un côté, elle doit modérer ses colistiers et militants en s’appuyant sur les recommandations de son conseil juridique. De l’autre, elle doit tenter de soulever l’enthousiasme des électeurs en déclinant la stratégie élaborée par son conseil en communication. La tête de liste doit alors jongler entre méthode traditionnelle et innovation.
Pierre Alibert analyse : « Ces méthodes passent par l’élaboration de la stratégie de campagne et de communication. Très souvent, le nom de la liste est le premier point que définisse les candidats avec leur équipe. La démarche qu’ils devraient adopter est de premièrement déterminer la politique qu’ils veulent engager. ».
Le choix du nom de liste
A travers le nom de leur liste, les candidats envoient un premier message aux électeurs. Mais la volonté de fédérer incite souvent à choisir des slogans peu signifiants. Ces derniers utilisent souvent le nom de leur commune, référence à une identité partagée, et d’une action fédératrice comme « Agir », « Construire », « Rassembler ». Bien que ces slogans soient évocateurs d’un but commun, ils sont dépourvus de messages politiques forts. Les élus sortants ont alors tendance à privilégier un lexique de continuité comme « Poursuivre ensemble » qu’un vocabulaire plus challenger et ambitieux comme « Changer l’avenir ».
« La tête de liste doit répondre à trois points : comment résumer ma prise de décision, comment me distinguer et enfin comment être compréhensible, si elle souhaite être étendue et avoir un réel impact. Le risque d’une telle stratégie de positionnement est de perdre l’électeur qui, en l’absence d’un message forts attribué à un candidat, ne fait pas de différence entre les listes. Les slogans perdent ainsi leur pouvoir évocateur. », analyse Pierre Alibert.
Néanmoins, des tendances nouvelles font leur apparition dans les messages politiques. On note notamment l’utilisation du lexique environnemental, comme par exemple « Naturellement », qui aujourd’hui constitue l’un des principaux enjeux au cœur de nos problématiques sociétales. Également, l’absence ou la discrétion de toute référence à un parti politique dans la dénomination des listes à sa raison d’être. Déjà observé lors des élections municipales de 2014, cette pratique répond aux besoins de gagner de nouveaux sympathisants. Aujourd’hui, même si certaines listes restent attachées à un corpus politique, la tendance à unir autour de valeurs communes prend de l’ampleur.
Selon Pierre Alibert : « Le nom de liste doit fonctionner comme signe de ralliement passant outre les clivages politiques. ».
Le positionnement politique
Cependant, l’utilisation d’un lexique consensuel et une prise de position politique faible, n’empêche pas de faire des choix politiques et un programme concordant. Les listes apolitiques fleurissent et revendiquent leur position. Les listes citoyennes souhaitent faire de la politique autrement, au plus près de la population et de manière indépendante. Elles ne souhaitent pas être cloisonnées par un parti politique et un chef de parti.
Pierre Alibert analyse : « Pour faire réellement sens, le nom de liste ne peut vivre seul et doit représenter un programme, une ambition. ».